Les Légendes de Gérardmer : Fées & Diable au Coeur des Vosges

Pour le 100ème numéro des Voyages au Coeur de l’Étrange il fallait un sujet spécial, alors j’ai pensé qu’un retour aux sources serait parfait !

C’est pourquoi je vous emmène avec moi là où j’adorais toujours aller quand j’étais petite, et que j’aime toujours d’ailleurs : Gérardmer.

C’est la perle des Vosges ? Oui, mais avec son lot de légendes évidemment ! 

 Un peu d’histoire

Gérardmer est indiscutablement l’une des plus belles villes du département des Vosges, voire même de l’ensemble de l’Est de la France.

Cette commune de montagne traversée par la Vologne est la destination rêvée pour les amoureux de ski grâce à son vaste domaine skiable, mais c’est loin d’être son seul atout. 

En effet, son lac d’origine glaciaire enchante les nombreux touristes qui découvrent la ville chaque année, quelle que soit la saison.

On surnomme Gérardmer la Perle des Vosges et il faut bien avouer que ça lui va à ravir !

Gérardmer est incomparable, déjà par sa beauté mais aussi pour les évènements qui s’y déroulent. J’ai moi-même eu le bonheur d’y vivre une arrivée du tour de France, sans oublier son festival du Film Fantastique qui attire les fans du genre.

C’est une ville qui m’est chère et je pense que c’était le choix idéal pour ce 100ème numéro des Voyages au Coeur de l’Étrange puisque c’est un Gérômois qui m’a donné envie de raconter des histoires, notre Vosgien le plus fabuleux qui soit : Monsieur Claude Vanony. J’avais 5 ans quand je l’ai vu en spectacle pour la première fois et je lui ai dit : “Quand je serai grande je raconterai des histoires comme vous”. Alors certes, je ne fais pas rire les gens comme lui, mais je transmets des récits du passé, j’ai donc parfaitement accompli ma mission. Merci d’exister Monsieur.

Je peux maintenant vous partager les vieilles légendes de notre chère ville de Gérardmer.

 

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Le Pont des Fées

Notre voyage du jour va nous entraîner dans plusieurs endroits, et le premier porte le joli nom de “Pont des Fées” !

Celui que nous pouvons toujours emprunter de nos jours date de 1763 et jusqu’en 1838 il servait de passage pour se rendre de Gérardmer à Saint-Dié-des-Vosges (vous vous souvenez de mon dossier sur le Camp Celtique de la Bure ?).

Le Pont des Fées - Gérardmer - Vosges - France

Il est vrai qu’on pourrait penser que les Fées habitent dans cet endroit pour le moins charmant, il y a d’ailleurs un texte de Henry Desetangs paru en 1908 qui est arrivé jusqu’à nous et qui nous raconte une étonnante histoire…

Il y a très longtemps, un chasseur vivait à Gérardmer, et ce jeune homme était si séduisant qu’aucune femme n’était capable de résister à son charme.

Pourtant aucune d’entre elles ne trouvait grâce à ses yeux, puisque cet Apollon avait reçu un avertissement de la part de sa marraine qui était une fée. Cette dernière lui avait assuré qu’il serait beau, courageux, et qu’il recevrait les plus hautes distinctions s’il ne se laissait séduire par quelque femme que ce fut.

Lui, qui était aussi pauvre qu’il était beau, s’était accroché à cette pensée en espérant devenir quelqu’un d’important. Alors ce n’était une femme qui allait le détourner de sa destinée.

Un jour où il avait poursuivi une biche depuis l’aube, il fut pris de fatigue et s’endormit à l’ombre des arbres au bord d’un torrent.

Il fut réveillé par un baiser qui avait été déposé sur sa joue par une jeune femme splendide à la beauté presque… irréelle ! Lui qui avait refusé les avances de toutes les filles avait fini par s’abandonner dans les bras de cette inconnue.

 

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Ils étaient enlacés, ils s’embrassaient et ont roulé jusqu’au torrent dans lequel cette fée des eaux – puisque s’en était une – le précipita violemment.

Depuis une crainte superstitieuse est rattachée à cet endroit, et certains racontent qu’on peut parfois encore entendre les cris du chasseur disparu résonner le soir à minuit lorsque l’on s’aventure près du pont des fées…

La Roche Saint-Colomban

Juste à côté du Pont des Fées se trouve une roche d’une taille impressionnante ! Vous pouvez la voir dans ma vidéo dont le lien est en début d’article !

C’est un bloc de granit d’une douzaine de mètres de haut qui domine cet endroit propice aux légendes… d’ailleurs vous ne serez pas étonnés d’apprendre qu’il possède la sienne.

On l’appelle “la Roche de Saint-Colomban” en référence à un moine irlandais dont le nom ne vous est peut-être pas inconnu puisqu’il a fait parler de lui notamment du côté du Loch Ness, je vous laisse retourner vers mon dossier de l’époque.

Donc, selon la légende, Saint-Colomban qui était venu pour évangéliser les Vosges au cours du VIème siècle avait eu quelques difficultés avec nos solides montagnards païens et bien heureux de l’être. Ces derniers ne lui auraient pas vraiment réservé un bon accueil, ni à lui ni à ses idées… et l’auraient poursuivi pour le chasser de leurs terres !

C’est là qu’un miracle se serait produit, la légende nous raconte que la roche à côté du pont des fées se serait ouverte en deux pour permettre à Saint-Colomban de s’enfuir, se refermant juste après son passage ce qui empêcha ses poursuivants d’aller plus loin.

C’est grâce à cette vieille histoire que cette roche porte son nom.

La Pierre Charlemagne

Si l’on continue sur ce fabuleux sentier comme il en existe tant dans nos belles forêts vosgiennes, on peut découvrir une pierre immense à la forme particulière. Évidemment cette curiosité naturelle dispose de sa propre légende qui implique un personnage historique bien connu dans l’hexagone et même au-delà.

On l’appelle la Pierre Charlemagne puisqu’un vieux récit local nous raconte que l’Empereur en personne serait venu s’y reposer pendant qu’il chassait dans la région.

Il est vrai que cette roche étonnante a les dimensions parfaites pour qu’une personne puisse s’y allonger quelques instants !

Il paraît même qu’au moment de repartir son cheval aurait envoyé un tel coup dans la pierre qu’il lui aurait laissé une trace.

Personne ne sait si l’empereur à la barbe fleurie est réellement venu chasser sur le territoire de Gérardmer, mais son nom reste à jamais lié à ce coin de nature exceptionnel grâce à cette vieille histoire qui a traversé les siècles.

Le Saut des Cuves

La Vologne est loin d’être calme aux alentours de Gérardmer, il est même un endroit où elle se fracasse contre les rochers, ces chutes qui ne sont pas très hautes mais qui sont néanmoins impressionnantes portent le nom de “Saut des Cuves”.

C’est un nom étonnant qui a sa légende également ! On dit qu’il serait dû à l’histoire d’un jeune homme qui était fou d’amour pour la fille d’un notable. 

Il rêvait d’épouser sa belle, mais son père refusait de lui donner sa main.

Le voyant insister, il lui lança alors le défi de parcourir le chemin entre Longemer et Gérardmer sans jamais poser le pied à terre ! S’ il y parvenait, alors il lui accorderait la main de sa fille.

Cette épreuve était impossible puisque la Vologne avec ses remous tumultueux est capricieuse, il était quasiment certain de s’écraser sur les rochers.

N’écoutant que son amour, le jeune homme tenta l’aventure avec diverses embarcations qui furent toutes détruites…

Désespéré, il appela à l’aide un soir ses amis de Longemer pour trouver le moyen de relever ce périlleux défi. Ces derniers eurent l’idée de construire une cuve métallique capable de flotter, et ce moyen de transport fluvial peu conventionnel résista aux assauts de la Vologne le menant jusqu’au lac de Gérardmer.

Le notable offrit la main de sa fille à celui qui s’en était montré digne par son intelligence et sa ténacité. Va essayer d’enlever quelque chose de la tête d’un Vosgien 😉 

Le Saut des Cuves - Gérardmer - Vosges - France

Ce n’est pas l’unique légende liée aux lieux, puisque dans la mémoire collective locale on dit que l’endroit est habité par des créatures maléfiques…

Les Dames Vertes peuplent ces rives sans âge, silhouettes féminines qui n’ont rien d’humain, elles sont vêtues de longues robes vertes et légères qui semblent flotter à chacun de leurs pas. Et si elles sont attirantes, il vaut mieux éviter de croiser leur chemin !

Les anciens récits affluent pour nous parler des voyageurs qui s’étaient attardés là et qui auraient fait la rencontre de ces inquiétantes Dames Vertes. 

Les plus chanceux ont simplement eu la frayeur de leur vie quand ces entités surnaturelles les ont entourés avec la volonté ferme de les terrifier, avant de les grâcier non sans s’être largement moqués d’eux, mais d’autres ont connu un destin plus tragique…

Les voyageurs les plus imprudents étaient traînés par les cheveux jusqu’au Saut des Cuves avant d’être jetés dans la cascade par les cruelles Dames Vertes. 

Si ces récits sont anciens, je ne pourrais que vous recommander d’être prudents lorsque vous serez seul la nuit dans ce coin sombre de Gérardmer, car si vous croisez une de ces effroyables créatures vous ne pourrez pas dire que je ne vous aurai pas prévenus.

La Roche du Diable

La dernière étape de notre voyage du jour est la Roche du Diable qui se trouve non loin d’un endroit qui est bien connu des amateurs d’urbex et autres fans de Paranormal : la célèbre Clinique du Diable !

Cette roche qui surplombe la route n’a pas été creusée par l’érosion naturelle, non, elle est le résultat de travaux qui ont été entrepris sous Napoléon III pour relier Gérardmer à Munster puisqu’à l’époque aucune route ne le permettait.

Ce que vous voyez aujourd’hui quand vous empruntez cette route a été taillé à mains d’hommes dans le grès rose des Vosges.

La Roche du Diable - France

Ce lieu idyllique n’aurait pas grand-chose à voir avec l’idée que l’on se fait du diable n’est-ce-pas ? Pourtant il en porte le nom, et c’est bien évidemment grâce à une autre légende locale que je vais me faire un plaisir de vous raconter.

On raconte qu’il y a très longtemps, le diable avait décidé sur un caprice de s’approprier cette roche. Pour ce faire, il aurait déclenché un terrible orage et la foudre se serait abattue à cet endroit précis en faisant éclater la montagne, détachant l’énorme morceau de roche convoité par le Malin et la faisant tomber au fond du lac de Retournemer situé en contrebas.

Les créatures qui peuplent les forêts vosgiennes (que nous avons déjà rencontrées dans mes dossiers comme celui sur l’Ormont par exemple) s’étaient alors réunies pour faire remonter la roche à la surface…

On dit que les elfes, les fées, les ondines, les trolls et les lutins ont tout tenté pour la ramener, sans succès.

Le diable avait gagné, l’histoire nous raconte qu’il marqua la roche de son empreinte à jamais. Voilà pourquoi cet endroit fabuleux porte son nom.

Mais ça ne s’arrête pas là, une croyance populaire veut qu’une petite cavité ait été découverte au moment des travaux sur place, pour beaucoup c’est un passage… ce serait même l’antre du diable en personne !

Mythe ou réalité ? Quoi qu’il en soit, les lieux semblent marqués par sa présence…

Visiter ces différents endroits

Les lieux mentionnés dans ce dossier sont relativement proches entre eux et il est possible de s’y rendre par des sentiers. Seule la Roche du Diable est plus distante des autres points d’intérêts, mais je vous laisse un lien vers des indications pour tous les retrouver.

Gérardmer est à découvrir pour tellement de raisons, en été on y vient pour son lac et ses loisirs nautiques ainsi que pour la randonnée, en hiver c’est l’endroit parfait pour le ski. En toutes saisons Gérardmer est la ville où l’on aime être, et ça n’est pas prêt de changer !

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