J’aime particulièrement les lieux chargés d’histoire qui en plus nous offrent des légendes fascinantes, le sujet qui va suivre m’a donc donné entière satisfaction !
On commence par l’histoire d’un Saint dont la fin est devenue légendaire, pour finir par retrouver notre cher peuple Celte, tout en passant par des histoires étonnantes et singulières !
Venez avec moi dans l’Ouest Vosgien, à la découverte d’un village qui a tant à vous raconter.
Un peu d’histoire
C’est dans la vallée du Vair, près de Neufchâteau, que se trouve Soulosse-sous-Saint-Élophe. – Ce qui est également le secteur de Châtenois que vous connaissez bien maintenant si vous êtes un habitué de mon site !
Cette commune Vosgienne est née de la fusion de 4 villages en 1964 : Soulosse, Saint-Elophe, Brancourt et Fruze.
Soulosse se situait sur la route qui menait de Trêves à Lyon, en passant par Grand – la mystérieuse cité Gallo-Romaine des Vosges – et Langres.
Au 4ème siècle, les soldats Romains s’y sont installés, et pour la protéger d’une éventuelle invasion ils y ont construit une fortification d’un hectare avec des pierres trouvées sur place. Dans les fortifications on pouvait notamment retrouver des stèles celtes et gallo-romaines…
Ce qui n’a pas empêché les Huns de détruire Soulosse durant les grandes invasions.
Saint-Elophe
L’histoire de St-Elophe est tragiquement liée à celle de l’empereur Romain Julien II. C’est en 361 que Julien a succédé à Constantin 1er à la tête de l’empire. Cet homme était surnommé Julien l’apostat par la tradition chrétienne puisqu’il avait répudié sa religion pour se convertir au paganisme. Il avait tout d’abord toléré les autres cultes, jusqu’en 362 où il interdit aux chrétiens de pratiquer leur religion… Tout en ordonnant l’ouverture des temples païens.
C’est dans ce contexte que les troupes romaines s’étaient installées à Soulosse. Un camp était situé dans la plaine au bord de la rivière nommée le Vair, évidemment les soldats y pratiquaient les rites païens.
Elophe faisait partie d’une famille de fervents chrétiens venue de Grand. Fils d’un riche marchand nommé Baccius et de Lientrude, il avait également de nombreux frères et soeurs dont deux qui ont eu une histoire similaire à la sienne que nous aborderons juste après.
Évidemment, les célébrations païennes n’étaient pas du tout du goût de l’ardent chrétien qu’était Elophe, ce dernier décida alors de détruire le camp romain installé sur les rives du Vair ainsi que ses statues et idoles !
Arrêté et jugé, notre protagoniste a été condamné à mort par décapitation après avoir refusé de renier sa foi.
C’est le 16 octobre 362 qu’Elophe a été tué dans le champ où les romains avaient établi leur fameux camp. Et c’est là que commence la légende…
Avant de mourir, Saint-Elophe avait souhaité être enterré sur la colline. Pour se moquer de lui après l’avoir décapité, le chef romain avait alors lancé :
“Et maintenant dis à ton Dieu de t’emmener sur la colline !”…
La légende nous raconte que St-Elophe se serait alors levé, qu’il aurait pris sa tête dans ses mains et qu’aidé de son bâton il aurait gravit la colline.
Arrivé à mi-chemin, il aurait alors frappé le sol avec son bâton, ce qui aurait fait jaillir une source dans laquelle il aurait lavé sa tête.
Suivit de près par des Romains médusés, Elophe aurait poursuivi son chemin jusqu’à ce qu’un rocher s’ouvre devant lui. Selon la légende, une araignée aurait tissé une toile pour lui permettre de se cacher. Les soldats romains seraient retournés dans la plaine après l’avoir cherché sans succès.
C’est ainsi que Saint-Elophe aurait été capable de continuer sa route jusqu’au cimetière, où il se serait assis sur une pierre qui aurait prit la forme d’un siège à son contact, c’est là qu’il aurait rendu son dernier sermon avant de mourir.
Les endroits mentionnés dans cette légende sont toujours visibles de nos jours, dont certains desquels je vais vous parler plus longuement dans la suite du dossier.
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En mémoire de Saint-Elophe une chapelle appelée Sainte-Epéothe a été construite au XVème siècle sur les lieux supposés de son martyre. Elle est un lieu de passage de pèlerins se rendant à Saint-Jacques de Compostelles. Elle est surtout connue pour être le lieu de départ du chemin de croix lors du Vendredi Saint.
En plus de la chapelle, une très belle église trône fièrement en haut de la colline en l’honneur du Saint martyre. Située à côté du cimetière où Elophe aurait rendu son dernier sermon, elle mélange les styles gothique et roman. Ses vitraux représentent le martyre d’Elophe, beaucoup de statues et d’éléments nous rappellent la vie du Saint. Elle a une très riche histoire. Elle offre un vue incroyable sur la vallée, de son parvi on peut voir le château de Bourlémont et la basilique de Domrémy.
Une famille de Saints Céphalophores
Saint-Elophe n’est pas le seul Saint à avoir été décapité et qualifié de Saint-Céphalophore après avoir porté sa tête dans ses bras, en effet sa famille proche a traversé l’histoire malgré elle suite à des faits similaires !
Sa soeur Sainte-Libaire qui était une bergère particulièrement pieuse a été décapitée à Grand le 8 Octobre 362 pour avoir refusé de renier sa foi… Je vous avais d’ailleurs raconté son histoire dans le dossier sur la cité Gallo-Romaine de Grand l’année dernière.
Leur frère, Saint-Euchaire, a pour sa part été décapité à Pompey en Meurthe-et-Moselle le 21 octobre 362, sur ordre de Julien l’apostat qui avait déjà fait condamner sa soeur et son frère… La légende nous raconte que St-Euchaire a ramassé sa tête, puis qu’il marcha jusqu’à Liverdun pour la déposer sur une grosse pierre avant de passer de vie à trépas.
Cette famille peu banale est encore honorée à notre époque.
Curiosité
La légende de Saint-Elophe intègre quelques lieux qui existaient déjà au temps des Celtes.
La pierre sur laquelle il aurait rendu son dernier sermon était en fait le siège des Druides, ils y rendaient la bonne parole et les jugements. Il est maintenant couvert par une chaire.
On raconte que si l’on formule un voeu lorsque l’on s’assoie sur le siège il est sûr d’être exaucé !
La source pour sa part était essentielle aux Celtes, ils venaient y faire leurs ablutions. On dit qu’elle aurait des vertues médicinales miraculeuses pour soigner les yeux, les douleurs mais aussi les maladies de la peau.
Jusqu’en 1950 les villageois venaient y laver leur linge afin de profiter des bienfaits de son eau.
Le rocher qui se serait ouvert pour permettre au Saint de se cacher est en réalité une faille qui servait de guet sur la vallée. Nombreux sont ceux qui parlent d’une énergie forte ressentie sur place, on sait d’ailleurs que les Celtes venaient s’y ressourcer.
L’église abrite les reliques de Saint-Elophe, c’est Saint-Gérard vers 960, alors évêque de Toul qui fit prélever les ossements qui ont été identifiés à maintes reprises. Il demanda à ce que les reliques soient divisées en 3 parties, la plus grande a été envoyée à Cologne, une autre partie à Toul, et le peu restant à Soulosse-sous-Saint-Elophe.
De nos jours le péroné gauche se trouve à la paroisse St-Nicolas de Neufchâteau ; les deux fémurs ont été restitués à la France suite à une requête de l’évêque de Saint-Dié-des-Vosges en contrepartie de la destruction de la cathédrale de St-Dié par les allemands. Un des fémurs se trouve dans la cathédrale de St-dié qui a été reconstruite, et l’autre a été rendu à l’église de Saint-Elophe.
Le magnifique gisant en pierre calcaire représentant Saint-Elophe au coeur de l’église est posé au dessus d’une fosse symbolique. Une croyance populaire veut qu’en touchant la tête du saint on pourrait guérir de ses maux de tête.
Durant le Solstice d’été, le 21 juin, une manifestation peut être observée sur le gisant. Le soleil passant au travers d’un vitrail projette des couleurs qui se déplacent tout le long de la statue, jusqu’à éclairer son cou de rouge. Cette manifestation a savamment été calculée, à l’inverse du rayon vert de la cathédrale de Strasbourg qui serait pour sa part inexpliqué…
La présence des Celtes
Comme mentionné plus tôt dans la partie curiosités, Saint-Elophe était un village Celte avant d’être associé au Saint Céphalophore Lorrain.
Des fouilles archéologiques ont permis de découvrir des stèles représentants des dieux comme Rosmerta, déesse de la fertilité et de l’abondance, mais aussi Mercure ! Ils ont aussi vénéré Jupiter dans leurs temples.
Certaines ont été envoyées aux musées de Metz et d’Epinal, mais on peut en admirer au musée de Saint-Elophe.
De la monnaie, des débris de tessons et de poteries, des tuiles et des ornements ont été découverts sur place. Mais aussi des têtes de chapiteaux et de temples, ainsi que les restes de thermes !
Soulosse-sous-Saint-Elophe avec sa riche histoire et ses légendes n’a pas fini de vous séduire !
Se rendre à Soulosse-sous-Saint-Elophe
Si un pèlerinage a toujours lieu le 3ème lundi du mois d’octobre, il est aussi possible d’emprunter le chemin de croix de St-Elophe au cours d’une visite guidée.
Vous pourrez y voir les points d’intérêts mentionnés dans cet article, tout en écoutant l’histoire du Saint mais également des Celtes. Vous pouvez contacter la mairie (c’est valable pour la visite du musée archéologique aussi puisqu’il se trouve dans leurs locaux) pour organiser votre visite, ou directement madame Bourguignon qui s’en occupe à cette adresse mail : claflona@orange.fr
Je tiens d’ailleurs à lui adresser un immense merci pour son accueil et son aide durant l’élaboration de ce dossier. Elle maitrise parfaitement son sujet, je suis certaine qu’elle vous fera aimer cet endroit grâce à son savoir et son enthousiasme !
Je remercie chaleureusement l’équipe de l’Office de Tourisme de l’Ouest des Vosges, qui a une fois de plus été fabuleuse et très réactive lorsque je l’ai sollicitée pour vous offrir ce sujet passionnant. Merci en particulier à Séléna !
Je n’ai plus qu’à vous souhaiter d’excellentes visites au coeur de notre chère Lorraine, je crois que sur ma mappemonde vous n’aurez que l’embarras du choix dans le Grand Est à présent !
A ceux qui voudraient découvrir d’autres destinations n’oubliez pas de consulter la page Mappemonde de la Renarde où vous trouverez la liste à jour de mes articles classés par pays. Retrouvez Les Mystères de la Renarde sur les réseaux sociaux afin de ne manquer aucune publication : Facebook – Youtube – Instagram – Twitter
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